jeudi 19 juin 2025
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Burkina : Lancement de OUESTAF, un projet régional pour sécuriser le parcours migratoire en Afrique de l’Ouest

L’ONG WeWorld, en partenariat avec WiLDAF-AO (Women in Law and Development in Africa), a officiellement lancé, ce jeudi 19 juin 2025 à Ouagadougou, le projet « Parcours régionaux pour la prévention de la migration irrégulière, la lutte contre le trafic des migrants, la traite des êtres humains et la protection des femmes et jeunes (OUESTAF) ». Financé à hauteur de 1,5 million d’euros par l’Union européenne via le mécanisme de subvention MMD du Centre International pour le Développement des Politiques Migratoires (ICMPD), ce projet multi-pays couvrira cinq nations (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Mali, Togo) sur 17 mois. La cérémonie de lancement a été présidée par Issaka Pamtam, chargé de mission, représentant le Commandant Passowendé Pélagie Kaboré, Ministre de l’action humanitaire et de la solidarité nationale.

En 2024, l’Afrique de l’Ouest comptait 8,2 millions de migrants (UN-DESA), dont 74 % dans des flux Sud-Sud. Le Burkina Faso illustre ces dynamiques complexes avec 10 % de sa population vivant à l’étranger, principalement en Côte d’Ivoire, poussée par les défis économiques, sécuritaires et environnementaux.

Selon Issaka Pamtam, la migration irrégulière est un terreau fertile pour les abus

Cependant, les obstacles à la libre circulation exacerbent les migrations irrégulières, avec des conséquences parfois dramatiques. Selon Issaka Pamtam, chargé de mission représentant le Ministre de l’action humanitaire et de la solidarité nationale, « la migration irrégulière est un terreau fertile pour les abus, l’exploitation, la violence, le trafic des migrants, la traite des êtres humains et même l’enrôlement dans les rangs terroristes ». Issaka Pamtam a salué, dans ce sens, le projet OUESTAF, une « initiative stratégique » pour la sous-région pour inverser la tendance. « Ce projet symbolise une volonté politique claire de nos États de faire de la migration une opportunité, et non une menace », a insisté le représentant de la ministre.

Mahé Mahamadou Cissé expliquant les objectifs du projet aux participants

Aligné sur le Cadre de Politique Migratoire pour l’Afrique (2018-2030), OUESTAF poursuit trois objectifs majeurs, selon Mahé Mahamadou Cissé, Coordonnateur du projet. Il s’agit de consolider les mécanismes de protection via des dispositifs locaux de coordination ; de renforcer les capacités des acteurs (institutions, OSC, médias) ; de promouvoir des politiques migratoires inclusives fondées sur les droits humains.

L’Union européenne et l’ICMPD, des partenaires engagés

Yolanda San José, cheffe d’équipe gouvernance et droits humains à la Délégation de l’UE au Burkina Faso, a souligné l’actualité brûlante du projet. « Aux migrations historiques s’ajoutent désormais l’insécurité, la dégradation des moyens de subsistance et le changement climatique. OUESTAF place au cœur de sa réponse la protection des droits humains et la coopération régionale », a-t-elle confié.

Yolanda San José saluant la plus-value du projet dans le contrôle des migrations

Ledit projet s’inscrit dans la Team Europe Initiative Migration et le Processus de Rabat, présidé actuellement par le Nigeria. Pour Jean Charles, Coordonnateur du processus de Rabat, représentant le Centre International pour le Développement de Politiques Migratoires (ICMPD), le cadre stratégique du projet du projet OUESTAF est parfaitement en phase avec les objectifs de processus de Rabat. « OUESTAF opérationnalise le 4e pilier du Plan d’action conjoint de La Valette (2015) sur la lutte contre la traite et le trafic. Notre mécanisme MMD vise justement à transformer les décisions politiques en actions concrètes portées par la société civile », a-t-il ajouté.

Plusieurs activités sont prévues au Burkina Faso. Il s’agit de la création d’un mécanisme local de coordination à Ouagadougou ; de la campagnes de sensibilisation, communautaires et digitales ; de la formation des OSC, journalistes et influenceurs pour une communication responsable ; de l’accompagnement direct des survivants de traite, avec focus sur les femmes et filles. « Une gouvernance efficace repose sur des données fiables. L’UE soutiendra ce volet crucial », a ajouté Yolanda San José.

Jean Charles (en veste) et Omar Kenani (en chemise), les bras techniques du projet

Le projet générera également des recherches sur les migrations intra-africaines et formulera des recommandations politiques à l’échelle de l’Union africaine.

La société civile, moteur du changement

Pour Maïmouna Tankoano/Doussa, présidente de WiLDAF Burkina Faso, OUESTAF transcende le cadre technique. À l’en croire, il ne s’agit pas d’un simple projet, mais bien plus. « Nous lançons un engagement régional fort pour des parcours migratoires plus sûrs et respectueux des droits. […] Aucune femme ne doit être exploitée parce qu’isolée, aucun jeune ne doit risquer sa vie faute d’alternative », a-t-elle souligné.

Pour Mme Tankoano/Doussa, il ne s’agit pas d’un simple projet, mais bien plus

L’initiative s’appuiera sur l’expertise du réseau WiLDAF-AO en matière de défense des droits des femmes et sur l’ancrage territorial de WeWorld. Omar Kenani, représentant WeWorld, a résumé l’ambition du projet. Il s’agit de « mieux protéger, mieux informer et mieux agir ensemble grâce au partage d’expériences entre les 5 pays ».

Une coopération régionale renforcée

La clé du succès réside dans la synergie des acteurs, comme l’a rappelé Issaka Pamtam. « La gestion des migrations exige dialogue, solidarité et coresponsabilité », a-t-il souligné. En connectant institutions nationales, OSC locales, parlements et instances régionales, OUESTAF incarne une nouvelle ère de gouvernance migratoire. « Cette initiative générera des apprentissages politiques cruciaux sur les schémas migratoires ouest-africains », a conclu Jean Charles de l’ICMPD. Un pas concret vers l’objectif 10.7 des ODD qui est de « faciliter les migrations sûres et ordonnées », a-t-il fait savoir.

Une photo de famille des officiels

En rappel, le projet OUESTAF vise à améliorer la gouvernance et la gestion des flux migratoires en Afrique de l’Ouest et dans la sous-région du Sahel, en renforçant les capacités des parties prenantes et en promouvant des mécanismes de coordination adaptés, conformément au Cadre de Politique Migratoire pour l’Afrique 2018-2030. Le projet vise pour cible, 2 760 Migrants ; 2 500 Jeunes et Femmes membres d’associations ; 300 membres des ONG/OSC ; 230 Journalistes, blogueurs, membres radios, TV et artistes et 120 Associations de migrants, ressortissants, etc.

Lire aussi : Migration frauduleuse : 22 jeunes Burkinabè arrachés aux griffes de l’illusion, de retour au pays avec espoir

Mathias Kam et Nafissatou Dera (Stagiaire)
Minute.bf

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