Le ministre de la Santé et de l’Hygiène publique, Dr Robert Lucien Kargougou, a procédé, le samedi 18 octobre 2025 à Koudougou, dans la région du Nando, au lancement officiel de la cinquième édition de la grande campagne de sensibilisation, de dépistage et de prévention des cancers féminins. Placée sous le thème « Pour elle, je porte rose », la campagne portée par l’Initiative d’Aide pour le Développement Local (IDL) ambitionne, cette année, de dépister plus de 5 000 femmes.
Au Burkina Faso, les cancers du col de l’utérus et du sein représentent aujourd’hui de véritables enjeux de santé publique. Le cancer du col de l’utérus constitue à lui seul 21,6 % des cas recensés chez les femmes. Faute de stratégies de prévention efficaces et de moyens suffisants pour un diagnostic précoce, de nombreux cas sont découverts à des stades avancés. Malgré que la vaccination contre le papillomavirus humain (HPV) soit gratuite pour les filles de 9 à 14 ans, la couverture vaccinale reste encore insuffisante dans les zones rurales.

Face à cette situation, l’IDL, en partenariat avec le ministère de la Santé et en cohérence avec la Campagne Multi-Cohorte d’Âge et la campagne nationale d’octobre rose, mène une opération d’envergure nationale fondée sur la mobilisation communautaire, la communication de proximité, et la participation active des populations locales. L’approche combine émissions radiophoniques, interventions télévisées, causeries éducatives et actions de terrain, dans une dynamique inclusive et participative.
Selon la coordinatrice de l’IDL, Eva Francine Bayala, les résultats obtenus ces dernières années sont très encourageants. « Nous sommes parties d’un premier objectif de 200 femmes dépistées et d’environ 1 000 personnes sensibilisées. Aujourd’hui, nous comptons déjà plus de 2 500 femmes dépistées, près de 30 000 personnes sensibilisées et environ 25 000 enfants vaccinés contre le HPV », a-t-elle précisé.

Depuis le 16 octobre, des dialogues communautaires se tiennent dans la région du Nando, réunissant femmes, agents de santé, chefs coutumiers, leaders religieux et autorités locales. Ces rencontres, selon Mme Bayala, ont permis de recueillir des témoignages forts et de renforcer la cohésion autour de la lutte contre les cancers féminins.
Cette 5e édition se distingue par une innovation majeure : l’inclusion des femmes incarcérées. Une mission spéciale interviendra, de ses dires, à l’École nationale de l’administration pénitentiaire de Ziniaré pour des séances de sensibilisation et de dépistage. La clôture de la campagne est prévue, par ailleurs, à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou, symbole de l’égalité d’accès à la santé pour toutes les femmes, libres ou détenues.
Évoquant les motivations profondes de son engagement contre les cancers, Eva Francine Bayala a livré un témoignage émouvant. « J’ai perdu une grande-tante que j’aimais profondément, et un enfant d’un proche, atteint d’un cancer en phase terminale. Quand le médecin m’a annoncé qu’il n’avait que trois mois à vivre, ce fut un choc immense. En sa mémoire, nous avons décidé de faire de la lutte contre les cancers, notamment féminins, notre cause et notre combat », a-t-elle souligné.

La marraine de l’événement, Nathalie Bienvenue Bayala, a salué cette initiative « très louable » et porteuse d’espoir. « Encourager le dépistage, la sensibilisation et la prévention, c’est contribuer à réduire à néant les décès liés au cancer du sein et du col de l’utérus », a-t-elle soutenu, avant d’inviter tout le monde à s’approprier cette lutte.
Le ministre de la Santé, Dr Robert Lucien Kargougou, a, pour sa part, salué cette mobilisation citoyenne et féminine. Il a rappelé que la campagne de l’IDL s’inscrit dans la vision du gouvernement de faire de la prévention et du dépistage précoce un pilier central de la politique nationale de santé publique. Selon lui, les cancers du sein et du col de l’utérus demeurent parmi les plus fréquents dans la région ouest-africaine : « au Burkina Faso, ils représentent respectivement 55 % et 21 % des cas de cancers féminins. Ce sont des cancers éligibles à la prévention et au dépistage. Par conséquent, ils ne devraient plus engendrer autant de décès », a-t-il fait remarquer.

Dr Kargougou a déploré les statistiques des décès liés aux maladies cancérigènes, estimés à 50 %. Pour inverser cette tendance, le gouvernement, a-t-il indiqué, a renforcé les infrastructures sanitaires avec l’acquisition, en 2024, de 15 cliniques mobiles destinées à rapprocher les services de santé des populations. « En seulement huit mois, nous avons enregistré 104 399 dépistages des lésions précancéreuses du col, 13 481 écho-mammographies, plus d’un million d’apprentissages à l’auto-examen des seins et plus de mille référencements pour des soins spécialisés », a-t-il précisé.
Le ministre a également rendu hommage à la présidente de l’IDL. « Eva Francine Bayala incarne un bel exemple de jumelage entre développement et santé. À travers ses actions de communication, de plaidoyer et de mobilisation de ressources, elle a su faire de cette initiative un modèle d’impact social durable », a-t-il salué.

L’édition 2025 de la campagne « Pour elle, je porte rose » est un appel national à la solidarité, à la prévention et à la responsabilité collective, afin qu’aucune « femme burkinabè ne soit laissée en marge du droit à la santé et à la vie ».
Minute.bf