Du 30 mai au 01 juin 2022, un atelier de renforcement de capacités des journalistes et communicateurs s’est tenu à Ziniaré, chef lieu de la région du Plateau central. Il était question de passer en revue, dans un premier temps, les différents accords de « politique publique », d’outiller ensuite les participants pour leur permettre de comprendre le processus d’évaluation des politiques publiques, les exploiter pour enfin transmettre l’information vraie aux publics cibles. Cet atelier a été possible grâce au soutien de l’Université Thomas Sankara en collaboration avec l’Université Libre de Bruxelles.
Pour le politologue Pr Abdou Karim Saidou, les politiques publiques sont « l’ensemble des décisions qui sont adoptées et mises en œuvre par les gouvernants » pour régler un certain nombre de problèmes qui peuvent par exemple concerner la santé, la sécurité, le logement, l’éducation ».
L’évaluation, selon le communicateur Dr Lassané Yaméogo, c’est « apprécier, mesurer l’efficacité ou l’efficience d’un travail, un projet, une intervention publique ou privée ». Elle porte sur la conception (évaluation ex ante), la mise en œuvre et les résultats (évaluation ex post), a ajouté Dr Lassané Yaméogo.

Selon ce dernier, c’est de là que le journaliste tire sa légitimité du contrat social qui le lie à la société et aux citoyens. « Le journaliste exerce un rôle de représentativité car il pose des questions, collecte, traite et diffuse l’information », a expliqué Dr Yameogo. Une panoplie de méthodes s’offre au journaliste pour être le relais dans la transmission de l’information. Il s’agit, selon Lassané Yaméogo, de « participer aux différentes phases d’évaluation et en rendre compte dans le respect de l’éthique et la déontologie ; interpeller les pouvoirs publics et privés, sur la nécessité d’évaluer les projets qu’ils conduisent ; prendre enfin l’Initiative d’aller sur le terrain pour vérifier l’état de mise en œuvre du projet, mais surtout transmettre l’information dans la langue locale du public cible pour faciliter la compréhension ».
Sur les enjeux politiques de l’évaluation, Pr Abdoul Karim Saidou a souligné que l’évaluation est une étape importante dans les politiques publiques parce qu’elle vise à voir « si les politiques qui sont mises en œuvres ont produit des résultats, si elles ont eu de l’impact et si elles ont pu changer le comportement du groupe cible ». Mais surtout, « si le problème pour lequel la politique a été adoptée a pu être résolu ».

Au Burkina Faso, confie Abdoul Karim Saidou, la culture de l’évaluation est très faible. L’accent est beaucoup mis, à l’en croire, sur les activités, les outputs (ou les prestations), mais qu’à cela ne tienne, « l’évaluation est très souvent négligée (ou l’on ne met pas suffisamment de moyens humains et financiers pour faire l’évaluation) ». Également, il y a « la tendance sur des sujets sensibles à manipuler les résultats de l’évaluation, surtout quand cela touche à la légitimité et la performance des gouvernants. Or, c’est l’évaluation qui permet de savoir si les objectifs sont en train d’être atteints et permet de faire des ajustements, de faire des remises à plat ou d’améliorer », a-t-il ajouté.
Comme perspectives pour l’institutionnalisation de l’évaluation au Burkina Faso, Jean Ouédraogo, Secrétaire général du Réseau burkinabè de suivi et évaluation (ReBuSe), propose, « de développer un cadre conceptuel et terminologique, de renforcer la pratique de l’évaluation, d’améliorer la coordination des évaluations et de créer un cadre légal et réglementaire ».

Sandrine Sawadogo, journaliste à l’économiste du Faso, avoue avoir appris énormément d’éléments qui lui permettront désormais d’être plus pointue dans le domaine du suivi et de l’évaluation. « En tant que journaliste, j’ai appris à lire entre les lignes des rapports d’évaluation, à être plus pointue sur le suivi des activités qu’on va couvrir. Également, à rendre compte de ce que les politiques publiques proposent, promettent, tout en vérifiant si effectivement les résultats sont atteints à travers le rapport d’évaluation et l’impact sur le public cible », a-t-elle déclaré à l’issue de la formation.
Pour précision, c’est une trentaine de journalistes et communicateurs qui ont pris part à cet atelier de formation. Chaque participant aura droit à une attestation de formation.
Mathias Kam
Minute.bf