Ceci est une déclaration de l’intersyndicale des greffiers du Burkina, relative à « l’immixtion des militaires dans l’affaire ministère public contre Dame Nikiema Amsetou et 8 autres ».
Suivant Communiqué en date du 27 juillet 2023, le Procureur du Faso par intérim près le Tribunal de Grande instance de Ouaga-II, informait l’opinion nationale de ce que son parquet ait été saisi d’une dénonciation de faits objet d’une vidéo, dont le contenu montre une scène de violences exercées sur la personne d’un homme âgé d’environ cinquante ans.
Au regard du caractère hautement infractionnel des faits incriminés, une enquête a été ouverte et a permis à la date du 28 juillet 2023, d’interpeller neuf (09) personnes, toutes mises en cause dans ladite affaire. Le parquet, dans la dynamique des poursuites judiciaires engagées pour faits de coups et blessures volontaires et séquestration, a décerné contre les mis en cause des mandats de dépôt.
Contre toute attente, et dans un temps très voisin à la délivrance des mandats de dépôt, un contingent de militaires armés a assiégé le Palais de Justice abritant le Tribunal de Grande Instance de Ouaga-II, avec pour mission de libérer Dame NIKIEMA Amsétou dite « Guérisseuse de Komsilga », des mains de la Garde de sécurité pénitentiaire.
Cette immixtion s’est poursuivie et a été couronnée par la remise de la Guérisseuse aux agents qui relèveraient de l’agence nationale de renseignement.
Ces agissements d’une autre époque largement révolue, visant à soustraire la mise en cause de la procédure judiciaire enclenchée et cautionnant de ce fait l’impunité, constituent d’une part, une entrave au bon fonctionnement de l’institution judiciaire et une remise en cause extrême de l’indépendance de la justice, et d’autre part, fragilisent davantage la Justice pourtant garante des libertés individuelle et collective dans un Etat de droit comme le Burkina Faso.
Aussi, cette réaction qui renforce le sentiment d’impunité et sape le moral des acteurs judiciaires est inadmissible et incompréhensible surtout dans le contexte actuel de crise sécuritaire éprouvante, où chaque composante de la nation est appelée à contribuer effectivement dans son domaine d’intervention et de compétence à la lutte contre l’hydre terroriste, où la Justice constitue un moyen important pour désamorcer les conflits sociaux.
Ces comportements contrastent enfin, avec les récentes recommandations issues de la rencontre d’information sur la situation sécuritaire tenue le 03 mai 2023 et regroupant les membres de l’exécutif et les acteurs judiciaires. De cette rencontre, il est ressorti que la Justice demeure, aussi bien sur le fond que sur la forme, essentielle à la sécurité et à la stabilité, et constitue le rempart le plus fondamental pour la coexistence paisible de la société et la survie de l’Etat dans le contexte de la lutte contre le terrorisme.
Au regard des éléments susdits et de la gravité des actes posés, l’intersyndicale des greffiers du Burkina déplore cette situation peu honorable. De ce fait :
- condamne l’intrusion perpétrée par des hommes armés dans la conduite d’une procédure judiciaire ;
- félicite tous les acteurs judiciaires pour leur résilience et le sacrifice consenti au quotidien pour la bonne marche de l’institution judiciaire au profit des justiciables ;
- invite le gouvernement à user de ses prérogatives pour que la mise en cause retourne entre les mains de la Justice pour la suite de la procédure ;
- suit de près l’évolution de la situation et prendra en temps opportun les mesures appropriées.
Fait à Ouagadougou, le 30 juillet 2023.
Pour le Syndicat national des Greffiers (SYNAG)
Le Secrétaire général
Maître Rasmané MOYENGA
Pour le Syndicat des Greffiers du Burkina (SGB)
Le Secrétaire Général
Maître Z. Dominique NIKIEMA