Après le passage du premier prévenu à la barre, le Tribunal a enchaîné avec l’audition d’autres prévenus. Malick Kouanda, Directeur général de la Société de Gestion du Patrimoine Ferroviaire du Burkina (SOPAFER-B) au moment des faits, en fait partie. Ce dernier a révélé que l’ancien ministre Vincent Dabilgou lui a remis la somme de 10 millions de FCFA en pleine campagne législative et présidentielle en 2020 pour acheter une vingtaine de motos au compte du parti politique.
Mais revenant sur la question du carburant alloué au ministère des transports n’ayant été livré que partiellement, la SOPAFER-B n’est pas exemptée de tout reproche. Le prévenu Malick Kouanda affirme avoir approuvé le bon de carburant sans vraiment connaissance de cause. Pour lui, c’était « un don » (bon de carburant, ndlr) du ministère des Transports à la SOPAFER-B. Mais chose étrange, le contrat stipulait qu’une partie du carburant devrait être livré en espèce. Il précise que s’il avait bien lu la close, il n’allait pas parapher le bon d’essence, car ne sachant pas que dans ledit contrat une partie du montant devait être donnée en espèce. Selon le prévenu, ce n’est qu’en 2022 qu’il a même su que le contrat a été « subtilement exécuté ».
« Pour la campagne présidentielle, il paraît que des motos ont été entreposées à la SOPAFER-B ? », questionne l’avocat du REN-LAC au prévenu. « Oui, je confirme », répond-il, en avouant que lesdits engins appartiennent en réalité au Nouveau temps pour la Démocratie (NTD), parti de l’accueil principal dans ce dossier, Vincent Dabilgou.
« J’ai reçu du ministre Dabilgou de l’argent, 10 millions de FCFA, pour acheter une vingtaine de motos pour le fonctionnement du parti », a explicité le prévenu. Ce sont donc ces engins qui ont été entreposés dans les locaux de la SOPAFER-B avant d’être acheminés au siège du parti.
Est-ce que vous connaissiez l’origine de l’argent ? Demande le procureur au prévenu. « Dans les partis politiques, on ne demande pas l’origine de l’argent », a répliqué le prévenu Kouanda. Réplique qui a fait dire au procureur que « l’argent n’aime pas le bruit », chargeant de ce fait M. Kouanda avec une autre question. « Est-ce que si un parti autre que celui de la mouvance présidentielle, un parti concurrentiel, vous propose d’entreposer ses motos dans vos locaux, alliez-vous accepter en pleine campagne ? », questionne le procureur. « Oui, certainement », répond l’accusé.
L’audition de Malick Kouanda a pris fin sur ces notes. L’audience a aussitôt été suspendue pour reprendre demain vendredi 16 juin 2023 au TGI Ouaga1 à partir de 9h.
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