Dans cette affaire des 300 ambulances pour les communes du Burkina Faso, en plus des dividendes politiques que tirent les membres du gouvernement sur ce qu’ils ont appelé « prouesse et/ou respect de la parole donnée » du président du Faso, certains d’entre eux se remplissent les poches à hauteurs de plusieurs millions de nos francs, parce qu’ils sont actionnaires dans les entreprises attributaires du marché.
D’abord, le coût des 300 ambulances à hauteur de 14 134 543 471 FCFA pose problème car, dans un autre marché, avec assurance inclue, ces ambulances auraient pu coûter seulement 7 616 340 000 CFA TTC, fait remarquer le journal Courrier confidentiel dans sa dernière parution, le 25 juin 2020.
Pour rappel, le conseil des ministres du 13 juin dernier a validé l’attribution du marché d’acquisition de 300 ambulances à l’entreprise financière FIDELIS Finances Burkina, la même entreprise citée dans l’acquisition des 77 véhicules de la mairie de Ouagadougou dans laquelle une procédure judiciaire est engagée contre le maire Armand Béouindé. Ces ambulances, confie nos confrères du Courier confidentiel, ont été acquises par crédit-bail.
Ainsi, les 185 ambulances remises et les 115 autres restantes n’appartiennent pas, pour l’instant, à l’Etat burkinabè. Elles appartiennent toutes à FIDELIS Finances qui les loue au gouvernement. Pendant combien de temps ? Aucun détail sur la période de location n’a encore fuité. Mais, ce « marché d’ambulances PPP » a coûté à l’Etat burkinabè plus de 14 milliards, en location. C’est un processus qui permet à un organisme financier d’acheter un véhicule qu’il loue à un client qui en a fait la demande en échange d’un loyer. Une sorte de location avec option rachat à la fin du contrat, explique le bimensuel. C’est ce processus qui a également été utilisé dans le cadre de l’acquisition des 77 véhicules de la mairie.
Pis, poursuit le journal dans ses révélations, l’enveloppe financière allouée au projet « 300 ambulances », a été augmentée de 2 milliards. Pourtant, le nombre d’ambulances n’a pas changé. En effet, toujours selon le canard, dans le programme présidentiel, cette enveloppe financière avait initialement été budgétisée à 12 milliards de FCFA. Ce qui, selon plusieurs spécialistes des marchés publics, prouve que le projet pouvait même être exécuté à moins de 12 milliards. Toutefois, deux options étaient préconisées dans le financement de ce projet. Il pouvait donc être financé par les partenaires techniques et financiers ou par Partenariat public-privé (PPP). Mais finalement, c’est cette dernière option qui a été décidée par le président du Faso.
Dans le journal où vous trouverez plus de détails sur la question de location-vente, ce qui a été décidé dans le cadre de la location de chacune de ces 300 ambulances, couterait au contribuable la somme de 17 millions de FCFA. C’est un endettement aveugle au profit d’entreprises avec qui le pouvoir a des intérêts, selon le journal. En effet, il y avait conflit d’intérêt dans la passation de ce marché dans la mesure où des actionnaires détenant 5,23% de Raynal assurance qui détient à son tour 10% du capital FIDELIS finances, ont siégé au conseil des ministres au cours duquel l’attribution du marché des 300 ambulances pour un montant de 14 134 543 471 FCFA a été validée. Il s’agit, selon le journal, du ministre des Mines, Oumarou Idani, qui détient 3,17% des actions à Raynal Assurance, d’une valeur de 95 000 000 FCFA. Il n’est pas le seul.
Le ministre des affaires étrangères Alpha Barry en est aussi actionnaire. Il détient, quant à lui, 2,06% du capital de Raynal Assurance, d’une valeur de 61 700 000 FCFA. Si l’on ajoute à cette liste le maire de Ouagadougou, Armand Pierre Béouindé dont l’épouse et ses trois enfants y détiennent 1,41%, le total des actions des proches du pouvoir Kaboré dans les entreprises attributaires du marché des 300 ambulances, se chiffrerait à 6,64% d’actions, avec une valeur financière de 198 700 000. Et si l’on tient compte que dans la société dans laquelle ils détiennent 6,64% du capital détient à son tour 10% de celle qui a obtenu le marché du crédit-bail, « ils sont doublement bénéficiaires », alarme le journal. Et ce n’est pas tout. Vous trouverez encore plus d’information dans le N°206 du journal Courrier confidentiel du 25 juin 2020.
Minute.bf