Depuis la rencontre d’information du Premier ministre, Dr Albert Ouédraogo et la classe politique, la question du calendrier de la transition divise les acteurs politiques. Alors qu’en conférence de presse, le vendredi 1er juillet dernier, les partis de l’ex Alliance des Partis politiques de la Majorité présidentielle (APMP) rejetait le délai de 3 ans des autorités en place pour proposer 18 mois, c’est au tour de l’Union nationale pour la Démocratie et le Développement (UNDD), de postuler, ce samedi 2 juillet 2022, que les élections ne sont pas une « priorité. »
« Sur cette question de durée [de la transition], je trouve que c’est un faux débat, un débat irresponsable, au regard du contexte qui est le nôtre. Quand un pays est en train de sombrer, connaît autant de victimes, la priorité ce n’est pas d’aller à des élections », a véhément critiqué le président de l’UNDD, Me Hermann Yameogo. « Est-ce que dans le délai donné de 3 ans, cela sera possible ? », s’interroge-t-il, mesurant la tâche de la mission de la transition avec notamment la question de la refondation.
« Vous voyez déjà les difficultés qu’on a avec la réconciliation (…) La refondation vise qu’on décampe certaines situations, qu’on assainisse beaucoup de secteurs, et cela, il y en a qui ne sont pas d’accord pour ce changement. Donc, au niveau de la refondation, on aura aussi des problèmes », est convaincu Me Yameogo qui, comme s’il jugeait les 3 ans de la transition courts, s’est interrogé à nouveau : « est-ce qu’on aura le temps en 3 ans, de mener une vraie politique de refondation ? »
En clair, Hermann Yameogo pense que la priorité consiste à « faire l’union sacrée autour du pouvoir pour libérer le pays. »
Dans ce sens, en réponse aux partis de l’ex-APMP qui pensent que 18 mois suffisent à la transition pour aller aux élections, Rosalie Tarnagda de l’UNDD a fait une piqûre de rappel à Bala Sakandé. « Lui-même (Bala Sakandé) avait dit quelque chose un certain 14 décembre à Koudougou, je cite : ‘Si l’insécurité, les attaques ne régressent pas, au nom de Dieu, il n’y aura pas d’élections’ », a-t-elle rappelé, avant de s’étonner qu’aujourd’hui, le president de l’ex parti au pouvoir soutienne qu’en 18 mois, les élections peuvent se tenir.
« S’il a oublié, nous, nous n’avons pas oublié », a lâché Mme Tarnagda, avant de poursuivre : « les conditions que Bala Sakandé avait lui-même posées en tant que président de l’Assemblée nationale en son temps, nous voyons qu’elles ne sont pas réunies et il revient pour nous dire qu’en 18 mois, nous pouvons organiser des élections. Nous aussi, on va dire qu’on ne peut pas organiser des élections pendant qu’une zone est coupée, 50% de la population est coupée… »
« Ceux qui critiquent, c’est l’ancienne majorité… »
« Si vous remarquez, aujourd’hui, ceux qui critiquent ouvertement le régime de Damiba, c’est l’ancienne majorité. Ils disent à chaque fois, voilà ce qui doit être fait mais qui n’est pas fait. Ils se jettent des fleurs en oubliant que si nous sommes aujourd’hui dans cette situation de guerre, c’est à cause d’eux », a ajouté Boukary Dabo, vice-président de l’UNDD, rappelant à propos des élections passées, que son parti avait suggeré d’y surseoir, eu égard au contexte sécuritaire quand ceux de l’ex-majorité se battaient pour leur tenue effective.
Et à Me Yameogo de s’offusquer : « moi, je ne reconnais pas le Burkinabè. Du Voltaïque au Burkinabè, je ne le reconnais pas. Il n’y a qu’une chose qui l’intéresse, c’est l’argent, l’argent que procure la politique, être là, tout faire pour gagner les élections, piller les ressources de l’Etat. »
Pour tout cela, l’UNDD a invité le peuple à faire bloc derrière la transition pour résoudre la crise sécuritaire avant de parler des élections.
Franck Michaël KOLA
Minute.bf
