Le lundi 23 mars 2020, le gouverneur de la région du Centre, Sibiri de Issa Ouédraogo, à travers un communiqué, décidait de la « fermeture des gros marchés et yaars » à compter du 25 mars et ce, jusqu’au 25 avril prochain. Cette mesure qui vise à faire barrage à la propagation de la maladie à coronavirus qui, faut-il le rappeler a atteint 114 personnes à ce jour, frappe de plein fouet les activités économiques à travers le commerce notamment. Ainsi, une équipe de Minute.bf a baladé son micro pour écouter ce qu’en pensent les commerçants de Roodwoko, le Grand marché de Ouagadougou.
Alassane Compaoré, vendeur de tissus: « La décision est bonne et à notre avis, le gouvernement à même trainé »

“Nous avons appris la nouvelle depuis hier. Le gouvernement a pris une bonne décision. Ce qui nous arrive est catastrophique. La fermeture des marchés et yaars nous touche directement mais, il le faut. Vaut mieux fermer le marché que de laisser les gens se contaminer. Il y a un proverbe de chez nous qui dit que « C’est parce qu’on est en vie qu’on entreprend ».
Nous prions seulement que d’ici à la fin du delai, une solution soit trouvée pour vaincre la maladie afin que nous pussions de nouveau, reprendre notre commerce. Nous vivons à travers le commerce. Si nous ne sortons pas, nous ne mangeons pas. Mais situation oblige, nous allons nous conformer à la decision et rester à la maison.
La décision est bonne et à notre avis, le gouvernement à même trainé. Depuis le jour où on avait atteint deux (2) cas confirmés, le gouvernement devait fermer les marchés et tous les lieux de travail.
Nous n’avons pas les moyens pour nous soigner. Nous avons même appris qu’à l’hôpital de Tengandogo, il n’y a pas de médicaments pour soigner des personnes comme nous, les « grandes personnes » étant privilégiées. Mieux vaut donc, fermer les marchés pour que nous restons chez nous plutôt que de nous laisser au risque de nous faire contaminer alors que nous n’avons pas les moyens pour nous faire soigner. Nous qui vous parlons, si nous contractons cette maladie, c’est pour contaminer nos familles par la suite.
Si ça ne tenait qu’à nous, que les autorités décrètent un couvre-feu de 25 jours pour espérer vaincre la maladie d’ici à sa fin. Sinon, nous qui sommes là, nous n’avons pas à manger mais la fermeture des marché et yaars est bien pour tout le monde.
Abdoul Rasmané Kaboré, vendeur de chaussures: « Si la nourriture vient au moment où tu es mort, iras-tu manger au cimétiere ? »

La fermeture des marchés et yaars est une décision logique et normale. Elle est normale dans le sens qu’elle vient pour nous éviter la maladie. Nous prions Dieu pour qu’il guérisse les malades. Aux autorités, nous leur demandons de prendre toutes les mesures qui sied pour venir à bout de la maladie. Même si les autorités nous demandent de rentrer dans nos maisons, nous allons le faire.
Pour ceux qui se plaignent qu’en fermant les marchés, ils ne pourront pas travailler et n’auront donc pas à manger, si la nourriture vient au moment où tu es mort, iras-tu manger au cimétiere ?
Salamata Sondé, vendeuse de fruits : « Notre inquiétude, c’est comment avoir à manger tout en restant à la maison pendant toute cette période là ? »

Le nombre de personnes atteintes par la maladie s’accroît de jour en jour et cela fait vraiment peur. Quant à la fermeture des marchés et yaars, nous ne pouvons pas refuser. Nous allons obtempérer et espérer que la maladie recule ou disparaisse complètement.
Cependant, il y a un « mais ». Nous qui sommes ici, si nous ne sortons pas pour vendre, nous ne mangeons pas. Personnellement, nous vendons des fruits et la grosse équation, c’est comment écouler le stock actuel et payer nos fournisseurs si le marché est fermé alors que les fruits sont également périssables ? Notre inquiétude, c’est comment avoir à manger tout en restant à la maison pendant toute cette période là ?
De toutes les façons, nous n’y pouvons rien surtout que c’est une question de maladie. Si la maladie nous attrape, tout ce que nous disons et faisons tombera dans la vanité. Nous ne pouvons que prier Dieu pour la fin de cette maladie.
Alidou Ouédraogo, vendeur de vêtements: «La décision est bonne mais ne nous arrange pas »

Nous travaillons au grand marché. C’est ici que nous gagnons notre vie. La fermeture des marchés ne nous plait pas mais comme c’est une question de santé publique, nous nous devons d’obéir.
Nous sentons que les choses ne seront pas simples pour nous parce que si la maladie ne nous tue pas, c’est la faim qui va nous tuer. Si nous ne travaillons pas pendant il ne serait-ce que 3 jours, ce n’est pas bon pour nous, n’en parlons pas d’une vingtaine de jours.
Tout compte fait, nous n’y pouvons rien, ce n’est pas nous qui dirigeons le pays. Ce sont les autorités qui décident et nous obéissons.
La décision est bonne mais ne nous arrange pas. Voyez vous même, déjà que, faute de clients, les commerçants sont assis en train de causer entre eux, que vont-ils devenir les jours suivants s’ils doivent rester à la maison ? Il y a même un jeune qui travaille avec moi mais avec cette décision de fermer les marchés les jours ne s’annoncent pas meilleurs ni pour moi, ni pour lui.
Une vendeuse de fruits: « La fermeture du marché pour ces quelques semaines ne nous tuera pas »
Nous sommes d’accord avec la mesure de fermeture des marchés et yaars. Comme le dit une sagesse de chez nous, « c’est parce qu’on est en vie qu’on peut entreprendre ». Tout le monde vient ici. De ce fait, si une seule personne contaminée traverse le marché, nous serons tous exposés. Pour cela, soumettons nous à la décision des autorités pour ces quelques semaines de fermeture des marchés et prions Dieu que d’ici à la fin de la mesure, la maladie disparaisse de notre pays. C’est parce que nous sommes en bonne santé que nous venons au marché. Les malades ne viennent pas au marché. Nous devons tous nous préoccuper de notre santé.
Bien vrai que si nous restons à la maison, nous ne mangeons pas mais si nous gagnons l’argent et que nous tombons malade, il n’y a aucun bonheur. C’est seulement dans la santé que nous pouvons profiter de ce que nous gagnons. La fermeture du marché pour ces quelques semaines ne nous tuera pas.
Franck Michäe KOLA
Minute.bf