À l’occasion de la première édition des journées des Yaadcés à Ouagadougou (JOYO), le Professeur titulaire de Littérature orale africaine, Moumouni Zoungrana, a animé une conférence publique sur le thème : « Identité culturelle Yadega comme facteur de cohésion sociale ». C’était le samedi 8 novembre 2025 au Musée national. Cette conférence a été, pour lui, une tribune pour rappeler au public, les valeurs et les caractéristiques des Yaadcés ainsi que l’historique du royaume de Yatenga.
« L’identité culturelle d’un peuple est l’ensemble du patrimoine culturel de ce peuple. Elle concerne les us et coutumes, la religion, les techniques, les connaissances et pratiques diverses, les modes de vie qui spécifient, particularisent et distinguent ce peuple par rapport aux autres ». C’est par cette approche définitionnelle que le Pr Moumouni Zoungrana a commencé sa conférence.
D’après lui, l’identité se définit par rapport à la différence avec les autres. Elle renvoie de son avis, à l’altérité. « L’identité culturelle est un ensemble de traits spécifiques, des valeurs fondamentales qui désignent un peuple », a-t-il déclaré.

Cependant, le Pr Moumouni Zoungrana a relevé qu’avec les grands mouvements migratoires, la rencontre des populations et les mutations sociales, ces grandes valeurs qui fondent la base de l’identité « ne restent pas étanches et homogènes ». « Elles subissent des modifications et s’accommodent aux temps et aux phénomènes fortuits de l’histoire. C’est l’hypothèse du ‘’continuisme’’ que défendent les ethnologues contemporains », a-t-il expliqué, citant le Pr Joseph Ki-Zerbo et Patrick Charaudeau qui ont travaillé dans ce sens.
Toujours selon le Pr Moumouni Zoungrana, l’identité culturelle Yadega, malgré sa spécificité, ne dérobe pas a cette règle. « L’identité culturelle yadega ne peut échapper à ce phénomène de métamorphose. Étant est une scission du royaume de Ouagadougou. L’identité yadéga s’est forgée à partir de la rencontre entre la culture des allogènes et celle des autochtones », a-t-il rappelé.
Poursuivant dans cette dynamique, il a aussi souligné que le « Yadré » est l’un des traits principaux qui distingue le Yadega, rappelant les autres variantes du mooré dont le taolende, le sarende, le zaore, le yaana.
« Le Yaadre se démarque des autres parlers par la variation très prononcée de certains phonèmes (sons) et le changement de sens des lexèmes (sens) », a indiqué le Pr Zoungrana. Du point de vue des phonèmes, « nooga (poulet) par exemple dans le nord est dit noaaga au centre. Bio (enfant) est dit biiga et wandε (tourterelle) se prononce walle. Rahmanẽ, Muso, Yakubo, Driso. ’yũuga’’ et non ‘’yũugo’’», a fait observer le conférencier.

Le franc-parler, une des valeurs cardinale des Yaadcés…
D’après l’explication du Pr Zoungrana, le franc-parler qui se définit comme la disposition d’un individu à donner son opinion sans gêne et sans en craindre les conséquences, est une valeur cardinale chez les Yaadcés. « Il s’agit d’un langage de vérité et par moments sans diplomatie. Le Yadega assume ce franc-parler et le revendique. Le franc-parler exige la témérité. Le Yadega en a hérité du père fondateur », a-t-il soutenu, citant le Liwaaga comme un rythme typique du Yatenga.
En définitive, le Pr Moumouni Zoungrana a rappelé que le yadega est franc, direct et son identité est sa marque d’appartenance au Yatenga, ce qui lui permet de renforcer la cohésion avec les autres. D’où la nécessité pour eux de sauvegarder et pérenniser cet héritage.
Jean-François SOMÉ
Minute.bf


