Le peuple burkinabè a rendu hommage, ce vendredi 31 octobre 2025, aux victimes de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, ainsi qu’à celles du putsch manqué de septembre 2015. Une cérémonie de dépôt de gerbes de fleurs s’est tenue au Monument des martyrs à Ouagadougou, sous la présidence du Dr Ousmane Bougouma, président de l’Assemblée législative de la transition (ALT), représentant le président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, chef de l’État.
Cette année, c’est dans la sobriété que les Burkinabè ont commémoré cet événement historique. Le moment fort de la cérémonie a été le dépôt de gerbes de fleurs par le président de l’ALT, en hommage aux héros de la Nation dont les noms sont gravés sur le monument.
Pour Victor Pouahoulabou, président de l’Union des familles des victimes de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, cette cérémonie, en dehors de l’acte du devoir et de la reconnaissance que cela implique, traduit un moment de recueillement, de souvenirs et d’espoir pour un « Burkina Faso véritablement nouveau ». Il a également salué le courage et le sacrifice des martyrs, mettant en exergue l’importance de l’unité nationale. « Nous devons travailler pour que le pays vive, qu’il suive la bonne voie et que nous soyons tous engagés à le protéger », a-t-il déclaré.

M. Pouahoulabou a aussi exprimé son soutien au chef de l’État, le capitaine Ibrahim Traoré, qu’il considère comme étant « sur la bonne voie ». « Nous sommes tous obligés de l’accompagner, parce que c’est notre président », a-t-il déclaré, appelant les Burkinabè à la persévérance dans la lutte contre l’impérialisme.
Abordant la situation des familles des martyrs, il a salué la mise en place d’une commission gouvernementale chargée d’indemniser les ayants droit.
« Depuis l’arrivée au pouvoir d’Ibrahim Traoré et du MPSR2, des actions concrètes ont été engagées pour soutenir les familles. C’est en bonne voie », a-t-il confié.
Selon Paul Ouédraogo, membre du bureau de l’association des blessés du coup d’État de 2015, les choses traînent à leur niveau, contrairement aux victimes de l’insurrection populaire. Par conséquent, il a demandé à l’État de prendre à bras-le-corps leur cas.
« Depuis l’après-2015, il y a eu des procédures engagées, notamment dans le cadre de la réconciliation nationale. Ces procédures devaient permettre des réparations en faveur des blessés et des familles de victimes. Mais jusqu’à présent, tout reste au stade des démarches administratives. Rien n’est fait de concret pour l’instant », a-t-il fait savoir.

Et de poursuivre : « Nous souhaitons simplement que l’État pense à nous, qu’il jette un regard sur notre situation. À notre niveau, on est un peu perdus. Je fais partie du bureau depuis un moment, c’est mon deuxième mandat comme membre du bureau, mais honnêtement, je suis perdue. Je ne comprends pas ce qui bloque. Pourquoi ne pas nous dire un jour : « Venez, voici quelque chose pour vous soulager de vos souffrances ? » ».
Pour mémoire, le débat autour de la modification de l’article 37 de la Constitution, amorcé en 2013, avait exacerbé les tensions politiques et sociales, conduisant à la chute du régime de Blaise Compaoré, suite à un soulèvement populaire les 30 et 31 octobre 2014. Au cours de ces événements, des Burkinabè ont été blessés, tandis que d’autres ont payé de leur vie pour la dignité et la liberté.
Jean-François SOMÉ
Minute.bf






