Au cours d’un grand entretien accordé à la presse nationale et internationale, ce dimanche 28 septembre 2025, le Capitaine Ibrahim Traoré est longuement revenu sur l’état d’avancement et les défis logistiques de la force conjointe de l’Alliance pour la sécurité (AES). L’occasion pour le chef de l’État burkinabè de détailler la montée en puissance des unités, tout en mettant en garde contre les lenteurs d’approvisionnement qui pèsent sur l’opérationnalisation.
« La force conjointe, nous avons fait l’architecture comme vous avez pu le voir. Le poste de commandement est installé à Niamey », a déclaré le Capitaine Traoré, précisant que les premières unités commencent à être équipées. « Au Burkina Faso, le premier bataillon est prêt. Les équipements aussi de ce bataillon sont là. Nous sommes en train de former le deuxième bataillon qui est à peu près dans deux mois. », a-t-il dit.
Le président a expliqué que le modèle retenu place la responsabilité des commandes d’équipements à chaque État membre. « Le concept est que chaque pays commande les équipements. On a arrêté un format d’équipement que chaque bataillon doit avoir. Donc, il faut les commander pour qu’on puisse les armer. », a-t-il fait remarquer tout en insistant sur une réalité contraignante : de nombreux matériels ne se fabriquent pas localement et les délais de livraison peuvent être très longs. « On est obligé de commander et vous voyez comment le monde est fou. Tout le monde prépare la guerre. Vous pouvez commander aujourd’hui un équipement en bout de 4 mois, 6 mois, 8 mois, souvent même des années. Donc, on est obligé de faire avec. », a-t-il déploré.
Ces retards imposent, selon lui, une attention particulière aux systèmes de transmission et à la logistique. « Les forces conjointes demandent une communication importante. Donc, vous comprenez toute la logistique en termes de transmission qu’il y a derrière. Il faut que ce soit parfait. Voilà pour qu’on ne précipite pas les choses. », a souligné le Capitaine Ibrahim Traoré.
Il a assuré que malgré ces contraintes, la coordination opérationnelle existe déjà sur le terrain. « Déjà, il y a beaucoup d’opérations qui se mènent de façon conjointe. Donc, c’est déjà l’aide de la force. Peu importe la situation qui se passe au Niger ou de l’autre côté du Mali, nos forces arrivent déjà coordonnées pour travailler. C’est ça le plus important. », s’est-il réjoui.
Interrogé sur l’environnement régional, marqué par des frictions diplomatiques entre plusieurs pays voisins, le président a relativisé. « Si nous connaissons la menace qu’il y a autour de nous, l’opportunité, la seule opportunité à saisir, c’est de développer des armées très fortes et d’essayer de nous développer. Sinon, l’adversité, on va toujours l’avoir. », a-t-il soutenu.
Et sur la nature de ces frictions, le Capitaine Traoré a fait une distinction nette entre populations et dirigeants. « Il n’y a pas de frictions entre les deux pays. Il y a frictions entre les dirigeants des pays. »
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