vendredi 26 septembre 2025
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SAMAO 2025 : Experts et chercheurs partagent leurs expériences sur la réhabilitation des sites miniers

Lors de la deuxième journée de la 7e édition de la Semaine des Activités Minières d’Afrique de l’Ouest (SAMAO), les organisateurs ont réuni, ce vendredi 26 septembre 2025 à Ouagadougou, des chercheurs et des experts autour d’un panel. L’objectif était de partager les expériences en matière de réhabilitation et de fermeture des sites miniers en Afrique. Les échanges ont porté sur le thème : « Méthodes et techniques de réhabilitation et de fermeture des mines ».

Si les ressources minières continuent de soutenir la croissance économique de nombreux pays africains, la question de la réhabilitation post-minière revient de manière récurrente dans les sphères scientifiques et de la recherche.

Judicaël Ouédraogo expliquant l’expérience de la West African Resources dans la réhabilitation des Mines

À ce sujet, il est avéré qu’« au-delà des normes et des obligations, réhabiliter un site minier, c’est rendre possible une nouvelle vie pour les sols, les eaux et les communautés ». Ce panel de haut niveau, riche en expertises, a permis de dresser un état des lieux des avancées et des défis, mais aussi de proposer des perspectives concrètes pour la restauration durable des terres dégradées par l’activité extractive.

Planification et stratégie de West African Resources

En première ligne, Judicaël Ouédraogo, directeur de l’environnement de la filiale de West African Resources, a présenté une démarche intégrée de réhabilitation progressive.

Selon lui, il est crucial de restaurer les terres au fur et à mesure de l’exploitation minière. « Il est essentiel d’élaborer un plan de gestion et de fermeture de mine qui respecte à la fois la législation nationale et l’acceptation communautaire », a-t-il déclaré.

Il a indiqué que sur le site de la Société des Mines de Sanbrado (SOMISA S.A.), 48 hectares avaient été réhabilités, incluant des dépôts de terres stériles et d’anciens sites d’orpaillage illégaux. « En plus de la caractérisation géochimique des roches pour prévenir le drainage acide, un encapsulage méthodique est mis en place pour contenir les métaux lourds », a-t-il ajouté.

Dr Hadou Haro, déplorant l’absence de référentiel national de réhabilitation et a plaidé pour une approche scientifique rigoureuse

L’entreprise produit également, selon ses dires, 25 000 plants par an dans sa propre pépinière, participant ainsi à la revégétalisation active du site.

Biotechnologie et phytoremédiation : l’apport de l’INERA

Du côté de la recherche scientifique, le Dr Hadou Haro, chef du département environnement et forêt de l’INERA, a souligné l’absence de référentiel national de réhabilitation et a plaidé pour une approche scientifique rigoureuse. « On ne peut pas se contenter de planter des arbres sans penser à la contamination du sol. Certaines espèces accumulent les métaux lourds, ce qui peut contaminer la chaîne alimentaire », a-t-il expliqué.

Selon lui, l’INERA expérimente l’usage de plantes androgènes, associées à des champignons mycorhiziens et des microorganismes, pour accroître la tolérance des végétaux aux sols pollués.

José Bama soulignant les offres du CNSF dans la réhabilitation des Mines

Cependant, il a mis en garde contre la confusion entre « revégétalisation » et réhabilitation effective : « La biomasse végétale peut stocker des polluants qu’il faut ensuite gérer soigneusement », a averti le Dr Haro.

Le CNSF : 40 ans d’expertise pour restaurer les sols

Le Centre National de Semences Forestières (CNSF), représenté par le lieutenant-colonel José Bama, a également apporté sa contribution. L’institution se positionne comme un partenaire technique et scientifique dans les projets de réhabilitation, en fournissant des semences d’espèces herbacées et ligneuses adaptées.

Le lieutenant-colonel José Bama a souligné que le centre s’illustre par un appui-conseil et des formations aux communautés locales vivant autour des sites miniers, renforçant ainsi l’ancrage territorial des actions de réhabilitation.

Une approche multidisciplinaire et contextualisée

L’un des messages clés de ce panel a été la nécessité de mobiliser plusieurs disciplines : géologie, hydrologie, environnement, foresterie, mais aussi sciences sociales. « La réhabilitation ne peut être pensée uniquement comme une opération technique. Elle doit intégrer les risques environnementaux, réglementaires et sociaux », a-t-il été rappelé. Par ailleurs, les études de référence environnementale pré-minière doivent servir de base pour évaluer le succès des opérations de réhabilitation.

Une vue des participants

Au terme de ce panel, il ressort que la réhabilitation des sites miniers en Afrique ne peut plus être reléguée au second plan. Elle doit devenir un pilier des projets miniers, pensée dès leur conception et mise en œuvre avec rigueur scientifique, innovation technologique, transparence sociale et vision à long terme.

Lire aussi : SAMAO 2025 : Ministres et experts africains réfléchissent à l’après-mine pour les générations futures

Jean François SOMÉ
Minute.bf

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