vendredi 24 octobre 2025
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À la barre : Accusé d’avoir enlevé sa future belle-fille, un père de famille blanchi par le tribunal

Le sieur D.A. a comparu devant la Chambre du Tribunal de grande instance (TGI) Ouaga 1, le mercredi 9 avril 2025, pour répondre des faits de rapt de jeune fille. En l’espèce, ce cultivateur âgé de 37 ans et père de 5 enfants est prévenu d’avoir « enlevé » une fille en vue de la donner en mariage à son fils.

Les faits remontent à 2024. Le prévenu D.A., résidant à Léo, dans la région du Centre-Ouest, embarque dans un car en direction de Ouagadougou, dans la région du Centre. À bord, en compagnie du prévenu, une fille, M. D. Selon le procès-verbal du prévenu, il devait conduire la fille, M.D. pour la donner en mariage à son fils D.D., en accord avec le père de cette dernière. Une fois à Ouagadougou, le prévenu a voulu continuer le trajet sur Boromo, région de la Boucle du Mouhoun, où son fils D.D. réside en tant qu’orpailleur quand il a été interpellé après une dénonciation de la victime.

Après lecture du PV, le prévenu a reconnu les faits, mais selon lui, il ne s’agit pas d’un rapt ni d’un enlèvement. « Je devais la conduire pour la donner en mariage à mon fils, parce que son papa l’a promise en mariage à notre famille. Elle a accepté le mariage. C’est dans ce cadre que j’ai pris le car avec elle pour Ouagadougou et, une fois arrivés, nous devions continuer sur Boromo. C’est arrivé à Ouagadougou qu’elle me fera comprendre qu’elle ne veut pas continuer à Boromo, et qu’elle veut rester à Ouagadougou », a-t-il expliqué à la barre.

Elle accepte Ouaga mais pas Boromo…

Appelée à la barre, la victime M.D., 16 ans, a confié que son papa lui a dit de suivre le prévenu à Ouagadougou pour son mariage mais qu’elle s’y était opposée. « Mon papa m’a parlé du mariage. Je n’ai rien dit. Le jour de notre départ, je lui ai dit que je n’étais pas d’accord », s’est-elle défendue.

Le père de la jeune fille, appelé à la barre, a déchargé le prévenu. « Je reconnais avoir donné la main de ma fille en mariage à son fils. Ma fille a donné son OK avant qu’ils ne prennent la route. Je ne comprends pas la plainte. Elle est informée depuis longtemps du mariage. Elle savait que c’était un mariage avec l’enfant de D.A. Elle ne m’a pas dit qu’elle n’était pas d’accord. Donc pour moi, elle était d’accord », a déclaré le vieillard à la barre.

« Si vous sortez d’ici et que votre papa dit qu’ils vont faire le mariage dans un mois, vous allez accepter ? », demande la chambre à la victime. « Oui, je vais accepter », a pourtant répondu la fille. « Vous ont-ils forcée ? », réplique la chambre. « Non », répondit la fille.
« Mademoiselle, aidez-nous à prendre une décision. S’ils vous ont menacée, il faut nous le dire aujourd’hui et maintenant. Sinon, si on décide, c’est fini. Ce monsieur-là est en prison à cause de vous. Il est là pour être jugé. Donc il faut dire la vérité et être claire. Pourquoi vous nous avez dit qu’il vous a enlevée ? », a interrogé le parquet. « Parce qu’il voulait m’envoyer ailleurs, à Boromo. Je suis d’accord que mon papa me donne en mariage à Ouagadougou, mais pas à Boromo », a-t-elle reconnu.

La fille était-elle en complot avec son copain ?, c’est la question qui a traversé l’esprit de plus d’un à ce procès.
En effet, la plainte est partie du copain de la fille, un certain B.I., présent au procès. C’est lui qui a alerté la police sur les faits de rapt. Le petit ami de la fille contestait le mariage de sa copine avec un autre. À la barre, il a indiqué que sa copine lui avait révélé qu’elle n’était pas d’accord avec le mariage. Et c’est même la fille qui lui a dit de les suivre à Ouagadougou. « Une fois arrivés à Ouagadougou, je devais les suivre en cachette pour connaître sa maison… », a-t-il précisé.
« C’est parce que vous êtes intéressé par la fille que vous dites ça ? », demande la chambre au copain, qui sourit, suivi de l’assistance. « Non. Elle m’a dit qu’elle n’était pas d’accord avec le mariage. Voilà pourquoi je l’ai suivie », a-t-il répondu.

« Est-ce que vous êtes allé voir ses parents ? », demande la chambre au copain. « Non. C’est au moment où je voulais le faire qu’elle m’a parlé du mariage avec l’autre », répond-il. « Donc vous êtes venu gâter pour l’autre afin d’arranger pour vous », conclut le Tribunal. (Rires de l’assistance.)
Selon le parquet, la fille présumée victime de rapt, ne s’est jamais opposée au mariage. Seulement, elle s’attendait à vivre avec son concubin à Ouagadougou et non à Boromo. Le procureur a requis que le prévenu soit relaxé pour infraction non constituée.
Le Tribunal, statuant publiquement, contradictoirement en matière correctionnelle et en premier ressort, a renvoyé le prévenu D.A. des fins de la poursuite pour infraction non constituée.

Selon le code de procédure pénale, les différentes parties disposent de 15 jours à compter de la date du verdict pour interjeter appel de la décision s’ils ne sont pas satisfaits.

Mathias Kam
Minute.bf

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