Il est 9h ce matin quand nous avons été informés par un habitant de Pazani qu’une explosion a eu lieu dans la zone non lotie, au secteur 38 de Ouagadougou. Une information qui avait déjà enflammé les réseaux sociaux. Chacun y allait de son entendement sur les circonstances de ce drame. Les élèves étaient en débandade dans toutes les écoles à l’arrondissement 9 de Ouagadougou ce mercredi 8 janvier 2019.
Au complexe scolaire privé Somnoma les classes sont fermées. Dehors, les enseigants s’afferaient sur la situation. Nous voulions savoir les causes de la fermeture des classes. « Nous étions en classe et il y a une vieille femme qui est venue crier comme quoi des terroristes ont tué un élève dans une école. Nous avions, au début, refusé de libérer les enfants, mais avec la pression des parents, nous les avons libérés », confie à minute.bf un enseignant avant de démarrer son engin pour disparaitre dans les habitations. Une autre enseignante de la même école nous informe que la situation a eu lieu au lycée Bendré. Nous y mettons le cap!
Après quelques deux minutes de route à moto dans ces habitations construites pèle mêle, nous voici à l’école Bendré. Les classes sont fermées. Nourdine Ouedraogo était venu chercher son frère qui fait la classe de 4e. Mais il n’y avait personne. « Quand nous avons reçu l’information, nous avons libéré les élèves », lui dit un responsable administratif du lycée qui avoue, pour sa part, qu’il s’agissait d’une « fausse alerte ». Mais Farida, une élève de la classe de seconde du même lycée lui fait savoir qu’il y avait vraiment un problème car « des élèves d’un lycée situé derrière le château d’eau de Pazani fuyaient de partout ». Nous avons une autre destination à retrouver. Le lycée Abbé Pierre.
A quelques minutes de routes, nous voyons le communiqué de la gendarmerie nationale qui confirme l’explosion, dressant un bilan de « 4 élèves blessés dont deux graves » dans l’école Franco-arabe Daroul Hadise. Nous y mettons le cap et cette fois-ci nous nous faisons accompagner par un enseignant du Lycée Abbé Pierre. Nous y sommes. Les badauds étaient déjà sur les lieux. Chacun veut comprendre ce qu’il s’est passé pour en faire un sujet de discussion après dans les différents lieux de rencontre.
« Le sang coulait de partout… »
Lassané Sawadogo est enseignant de l’école Franco-Arabe Daroul Hadise à l’arrondissement 9 de Ouagadougou depuis cinq ans. Il dit avoir été appelé aux environs de 8h30 de ce matin par un de ses collègues qui lui informait qu’il y a eu une explosion dans cette école qui compte une soixantaine d’élèves. Arrivé sur les lieux, il a pu constater que « trois élèves de l’école sont blessés. Deux par le visage et un par le dos ». La sécurité sur les lieux aurait confirmé, selon ses dires, qu’il s’agissait de « l’explosion d’une grenade ». « Nous ne savons rien des armes. Mais c’est ce qu’on a dû remarquer. C’est quand l’enseignant de l’arabe dispensait son cours que l’explosion a eu lieu. Lui même ne savait pas d’où venait l’explosion. On voyait le sang qui coulait de gauche à droite. Les élèves ont commencé à crier et certains ont pris la fuite. L’enseignant était obligé de libérer les élèves pour que chacun rejoigne sa famille pendant qu’on cherche la solution à ce qu’il s’est passé », raconte-t-il, avant d’ajouter que « pour l’instant, aucune autre information n’est disponible ». Les circonstances de la présence de cette grenade dans cette école n’ont pas été élucidées.
La sécurité est sur les lieux pour des constatations d’usage. La police scientifique effectue des prélèvements pour analyse. Les résultats des analyses viendront certainement situer l’opinion sur ces faits.
Le ministre de la sécurité, Ousseni Compaoré avait effectué le déplacement avant notre arrivée. Le maire de Ouagadougou, Armand Beouindé a également effectué le déplacement. Il a appelé les populations à la prudence et à la vigilance, surtout, à « collaborer avec les forces de défense et sécurité » en ces temps très sensibles dans la lutte contre l’insécurité.
En rappel, les élèves blessés ont été admis dans un centre de santé pour y recevoir des soins.
Armand Kinda
Minute.bf